Transition énergétique du Canada : Changements passés et à venir dans les filières énergétiques – Mise à jour – Évaluation du marché de l'énergie
4. Énergie et émissions au Canada
Production d’énergie au Canada
Le Canada est l’un des plus importants producteurs d’énergie au monde. Son vaste territoire, combiné à sa diversité géographique et géologique, est favorable à plusieurs types de production d’énergie. Le Canada se classe actuellement au sixième rang mondial pour la production de pétrole brut et au cinquième rang mondial pour la production de gaz naturel. Il est aussi le deuxième producteur d’hydroélectricité en importance au monde et arrive septième pour la capacité éolienne installée.
Le Canada est un important exportateur net d’énergie : toute production excédant les besoins immédiats et futurs du pays est exportée. En 2017, les exportations nettes d’énergie du Canada se chiffraient à 71,4 milliards de dollars.
Consommation d’énergie au Canada
Le Canada est l’un des plus grands consommateurs d’énergie au monde par rapport à son activité économique. La figure 6 montre qu’il arrive deuxième sur le plan de l’intensité énergétique (7,70 MJ par dollar de 2011 de PIB) parmi les pays membres de l’OCDE. La moyenne mondiale est de 5,36 MJ par dollar de 2011 de PIB, et celle des pays de l’OCDE, de 4,66 MJ par dollar de PIB.
Figure 6 : Intensité énergétique des économies de l’OCDE et certains NPI (2015)
Source : Banque mondiale
Description :
Ce graphique à colonnes illustre l’intensité énergétique (mesurée en MJ par dollar de 2011 de PIB) des pays membres de l’OCDE et de certains nouveaux pays industrialisés (« NPI »). L’Islande arrive première au monde à 18,18 MJ par unité de PIB, alors que le Canada est deuxième parmi les pays membres de l’OCDE à 7,70 MJ. La moyenne mondiale est de 5,36 MJ. Lorsque les NPI sont inclus dans la comparaison, le Canada est dépassé par la Russie à 8,19 MJ et suivi de la Chine à 7,43 MJ.
Outre son climat froid et sa population dispersée, le Canada jouit d’une base industrielle relativement développée, d’un secteur de production d’énergie en croissance, d’un faible coût de l’énergie et d’un niveau de vie très élevé. Tous ces facteurs contribuent à la forte intensité énergétique du pays.
Émissions de GES au Canada
ABANDON DU CHARBON AU CANADA
L’Ontario a été la première région d’Amérique du Nord dépendant fortement du charbon pour la production d’électricité à éliminer son utilisation. Entre 2003 et 2014, la part du charbon dans le bouquet énergétique de l’Ontario est passée de 25 à 0 %. La fermeture de 19 centrales totalisant 8 800 MW a été compensée par la remise en service de deux réacteurs à la centrale nucléaire de Bruce, de nouvelles centrales au gaz naturel et plus de 5 500 MW en énergies renouvelables non hydroélectriques.
L’Alberta s’est engagée à éliminer les émissions provenant des centrales au charbon d’ici 2030 en vertu de son plan de leadership en matière de climat. Ce plan prévoit aussi la conversion des centrales au charbon en centrales au gaz et un objectif de produire 30 % de l’électricité à partir de sources renouvelables d’ici 2030. À l’automne 2016, le gouvernement du Canada a annoncé qu’il accélérerait l’élimination des centrales au charbon traditionnelles.
En 2017, 47 % de l’électricité produite en Alberta provenait du charbon.
ECCC estime les émissions du Canada en 2017 à 716 Mt d’éq. CO2, celles-ci ayant atteint un sommet en 2007 à 745 Mt d’éq. CO2. Cette baisse des émissions et attribuable en grande partie à l’élimination progressive des centrales au charbon en Ontario et au ralentissement économique découlant de la crise financière et de la récession de 2008.
Comme le montre la figure 7, la plus grande source d’émissions de GES au Canada est le secteur du pétrole et du gaz naturel (195 Mt d’éq. CO2 en 2017), suivi du secteur des transports (174 Mt d’éq. CO2). Les émissions du secteur pétrolier et gazier proviennent surtout de l’utilisation de gaz naturel dans les sables bitumineux pour la production et la valorisation du bitume ainsi que de la production et du traitement du gaz naturel.
Figure 7 : Émissions de GES par secteur au Canada (1990-2017)
Source : ECCC – Rapport d’inventaire national (1990-2017)
Description :
Ce graphique à colonnes empilées illustre les principales sources d’émissions de GES au Canada.
À noter que la catégorie « Autres » comprend l’agriculture, les déchets, la production de charbon et l’industrie légère.
Les émissions du secteur des transports proviennent de la consommation d’essence et de diesel, les deux carburants qui alimentent plus de 95 % des véhicules au Canada. Le diesel est aussi la source d’énergie utilisée pour la majorité du transport de fret au Canada, y compris le transport routier et ferroviaire.
Équation de Kaya, intensité énergétique et intensité d’émission
On peut étudier la relation entre les émissions et la consommation d’énergie à l’aide de l’équation de KayaNote de bas de page 25, selon laquelle le niveau d’émissions de GES repose sur quatre variables : la population, l’activité économique (PIB réel par habitant), l’intensité énergétique (utilisation d’énergie par unité de PIB) et l’intensité d’émission (GES émis par unité d’énergie utilisée). Prenant 1990 comme année de référence, la figure 8 illustre la relation entre ces variables. Entre 1990 et 2017, le PIB réel canadien par habitant a augmenté de 39 %, alors que l’intensité énergétique et les émissions de GES par unité d’énergie ont diminué de 29 % et de 9 %, respectivement. L’intensité d’émission (GES émis par unité de PIB) a baissé de 35 %; bien qu’elle ne fasse pas partie de l’équation de Kaya, elle demeure tout de même un indicateur important.
Figure 8: Indices des facteurs économiques, énergétiques et d’émissions au Canada (1981–2017)
Source : Statistique Canada (tableaux 25-10-0004-01, 25-10-0029-01, 36-10-0222-01 et 17-01-0005-01); ECCC – Rapport d’inventaire national (1990-2017), calculs de l’Office
Description :
Ce graphique linéaire illustre les diverses variables de l’équation de Kaya pour le Canada entre 1981 et 2017. Les valeurs sont présentées sous forme d’indices par rapport à l’année de référence (1990).
Note : Les données sur les émissions de GES du Canada sont seulement disponibles à partir de 1990.
Ce déclin de l’intensité énergétique et d’émission du Canada s’expliquerait par un changement structurel dans l’économie canadienne, découlant d’une poussée du secteur commercial et institutionnel, et une meilleure efficacité énergétiqueNote de bas de page 26. Bien que le Canada ait connu une forte croissance dans les secteurs énergivores, en particulier les sables bitumineux, la contribution au PIB provenait davantage du secteur commercial et institutionnel, moins énergivore que le secteur industrielNote de bas de page 27. L’incidence de l’efficacité énergétiqueNote de bas de page 28 a été la plus marquée dans le secteur résidentiel et celui du transport de passagers.
Figure 9 : Émissions de GES par pays – Intensité d’émission et émissions par habitant (2015)
Source : CAIT Climate Data Explorer
Description :
Ces deux graphiques à colonnes illustrent l’intensité d’émission et les émissions de GES par habitant des pays membres de l’OCDE et de certains NPI en 2015. Le Canada se classe troisième pour l’intensité d’émission parmi les pays membres, et cinquième lorsque les NPI sont inclus. Pour chaque million de dollars de PIB, le Canada émet 488 t d’éq. CO2. La Chine a l’intensité d’émission la plus élevée à 684 t d’éq. CO2 par million de dollars de PIB, alors que la Suisse a la plus faible, à 103 t d’éq. CO2 par million de dollars de PIB. La moyenne mondiale est de 447 t d’éq. CO2 par million de dollars de PIB.
Si l’on compare les émissions par habitant, le Canada arrive deuxième à 21,0 t d’éq. CO2 par personne. L’Australie arrive première à 25,1 t d’éq. CO2 par personne, et l’Inde dernière à 2,4 t d’éq. CO2 par personne. La moyenne mondiale est de 6,3 t d’éq. CO2 par personne.
Malgré le déclin de l’intensité énergétique et d’émission du Canada au fil des ans, le pays demeure l’un des plus grands émetteurs au monde. C’est ce qui ressort lorsqu’on mesure les émissions par rapport au PIB ou à la population, comme dans la figure 9. Toutefois, si le Canada continue d’utiliser les combustibles et l’électricité plus efficacement et développe ses secteurs moins émetteurs, la baisse tendancielle de l’intensité énergétique et d’émission devrait se poursuivre.
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